lundi 12 décembre 2016

lundi 5 décembre 2016

Dimanche


     
Trop de mots
trop de gens
trop de cœurs
à étreindre

        

Rien à dire
rien à taire
ce matin
fait silence

        

Eteindre les étoiles
souffler le lampadaire
...
et poser un doigt doux
sur tes lèvres.


lundi 28 novembre 2016

samedi 26 novembre 2016

Hallelujah / Leonard Cohen

J'ai entendu dire qu'il y avait un accord secret
Que David jouait et qui plaisait au Seigneur
Mais tu ne t'intéresses pas vraiment à la musique, n'est-ce pas
Ça faisait comme ça :
 La quarte, la quinte
L'accord mineur tombe et le majeur monte
Le roi perplexe composant un Hallelujah

Hallelujah...

Ta foi était forte mais tu avais besoin de preuves
Tu l'as vue se baigner sur le toit
Sa beauté et le clair de lune t'ont renversé
Elle t'a attaché
à une chaise de cuisine
Elle a brisé ton trône, et t'a coupé les cheveux
Et de tes lèvres elle a tiré l'Hallelujah

Hallelujah...

Vous dites que j'utilise le Nom* en vain
Mais je ne connais même pas le Nom
Mais si je le fait, bon vraiment, qu'est ce que ça peut te faire ?
Il y a un éclat de lumière
Dans chaque mot
Qu'importe que tu entendes
Le saint Hallelujah ou le brisé

Hallelujah...

J'ai fait de mon mieux, ce n'était pas beaucoup
Je ne pouvais pas sentir, alors j'ai essayé d'effleurer
J'ai dit la vérité, je ne suis pas venue pour te duper
Et bien que
Tout ait mal tourné
Je me tiendrai devant le Seigneur du Chant
Avec rien d'autre à mes lèvres qu'Hallelujah

Hallelujah...

I've heard there was a secret chord
That David played, and it pleased the Lord
But you don't really care for music, do you?
It goes like this
The fourth, the fifth
The minor fall, the major lift
The baffled king composing Hallelujah


Hallelujah, Hallelujah
Hallelujah, Hallelujah


Your faith was strong but you needed proof
You saw her bathing on the roof
Her beauty in the moonlight overthrew you
She tied you to a kitchen chair
She broke your throne, and she cut your hair
And from your lips she drew the Hallelujah

Hallelujah...

 
Baby I have been here before
I know this room, I've walked this floor
I used to live alone before I knew you.
I've seen your flag on the marble arch
Love is not a victory march
It's a cold and it's a broken Hallelujah

Hallelujah...

 
There was a time when you let me know
What's really going on below
But now you never show it to me, do you?
And remember when I moved in you
The holy dove was moving too
And every breath we drew was Hallelujah

Hallelujah...

Maybe there’s a God above
But all I’ve ever learned from love
Was how to shoot at someone who outdrew you
It’s not a cry you can hear at night
It’s not somebody who has seen the light
It’s a cold and it’s a broken Hallelujah

Hallelujah...


You say I took the name in vain
I don't even know the name
But if I did, well, really, what's it to you?
There's a blaze of light in every word
It doesn't matter which you heard
The holy or the broken Hallelujah

Hallelujah...


I did my best, it wasn't much
I couldn't feel, so I tried to touch
I've told the truth, I didn't come to fool you
And even though it all went wrong
I'll stand before the Lord of Song
With nothing on my tongue but Hallelujah

lundi 21 novembre 2016

A qui ?


    
Pour l’aubépine
et pour la rose
pour la rosée
et pour la ronce
                A qui dire merci ?

Pour la main qui rassure
et pour le pain rompu
pour le verre levé
et la joue caressée

Pour l’argent sur le pré
l’araignée à sa toile
le mauve aux joues des figues
et les feuilles fardées

Pour le sourire nu
de regard à regard
pour la parole dite
et aussitôt reçue

Merci pour le chardon
Merci pour le brouillard
le hérisson qui trotte
et la brebis perdue

Pour la dernière rose
que midi désassemble
pour un pétale blond dessus la pierre 
nue.


lundi 14 novembre 2016

Caillou


 
Battue
Comme un airain
par le marteau des jours

Polie
comme un galet
par le ressac

Saurai-je sonner haut ?
Saurai-je briller clair ?

Ou me tiendrai-je nue
enfouie
parmi mes frères ?

Balayée par les vents
essorée par l’orage

Un brin d’herbe
en plein champ

Un caillou
sur la plage.


samedi 12 novembre 2016

Cri / frère Christophe



(Christophe, moine de Tibhirine, fait partie des sept moines enlevés et assassinés dans des circonstances obscures au cours du printemps 1996).



samedi 5 novembre 2016

Migrer / Thomas Vinau

Ce qui te manque
ce n'est pas 
ce que tu as laissé
ce n'est pas 
ce que le temps t'a pris
ni la terre qui t'a usé
ni la mer que tu as traversée
ni le vent qui t'a fouetté
non ce n'est pas 
ce que tu as perdu
même pas 
ce qu'ils t'ont volé 
arraché écrasé
ce qui te manque
 c'est ce que nos yeux
ne veulent plus
te permettre

Thomas Vinau, à suivre sur son blog "Etc-iste" (cliquer ICI)


mardi 1 novembre 2016

Parler pour



Laisse-moi avoir mal
ne m’interroge plus
offre-moi
ton silence


offre-moi ton absence
et je t'y rejoindrai
peut-être
comme un oiseau meurtri
dans un cocon d’oubli


Je ferme ma porte

Je ferme mes yeux

Je ferme mon cœur

à tout ce qui n’est pas
le lieu
du combat.


samedi 29 octobre 2016

Prière aux vivants pour leur pardonner d'être vivants / Charlotte Delbo


"Vous qui passez
bien habillés de tous vos muscles
un vêtement qui vous va bien
qui vous va mal
qui vous va à peu près
vous qui passez
animés d’une vie tumultueuse aux artères
et bien collée au squelette
d’un pas alerte sportif lourdaud
rieurs renfrognés, vous êtes beaux
si quelconques
si quelconquement tout le monde
tellement beaux d’être quelconques
diversement
avec cette vie qui vous empêche
de sentir votre buste qui suit la jambe
votre main au chapeau
votre main sur le cœur
la rotule qui roule doucement au genou
comment vous pardonner d’être vivants…
Vous qui passez
bien habillés de tous vos muscles
comment vous pardonner
ils sont morts tous
vous passez et vous buvez aux terrasses
vous êtes heureux elle vous aime
mauvaise humeur souci d’argent
comment comment
vous pardonner d’être vivants
comment comment
vous ferez-vous pardonner
par ceux-là qui sont morts
pour que vous passiez
bien habillés de tous vos muscles
que vous buviez aux terrasses
que vous soyez plus jeunes chaque printemps

Je vous en supplie
Faites quelque chose
Apprenez un pas
Une danse
Quelque chose qui vous justifie
Qui vous donne le droit
D’être habillés de votre peau de votre poil
Apprenez à marcher et à rire
Parce que ce serait trop bête
A la fin
Que tant soient morts
Et que vous viviez
Sans rien faire de votre vie."


lundi 24 octobre 2016

Famille


L'ortie
est ma soeur
La fourmi
est ma soeur

Tout ce qui griffe
Tout ce qui pique

Tout ce qui marche
sous le ciel.

samedi 22 octobre 2016

Durer / Guy Boley

"Il faut bien que toutes les horreurs du monde enfantent des printemps, 
si nous voulons durer au-delà du chagrin".

Guy Boley, Fils du feu, Paris : Grasset, 2016.


lundi 17 octobre 2016

L'almanach du jardinier



Ecrire à l’encre rousse
Sur les lignes rougies des vignes qui s’automnent

Graver dans la chair tendre et ligneuse des bois
De longs chemins de mousse

Capitonner de brume et rebroder de givre
les clairières en feu

Et le sillon bruni que le soc écartèle
Sur la colline nue
L’ensemencer de bleu.



samedi 15 octobre 2016

Fenêtre / Gian Maria Testa


Saluteremo dalla nostra finestra
il tempo che passa
e se passando ci riconoscerà
anche il tempo perduto
anche il tempo sbagliato
ci risponderà
Saluteremo dalla nostra finestra
e non sarà una canzone
che tutto il tempo finito ci ritornerà
ma saranno gli occhi
questi nostri occhi senza più parole
e un altro tempo sarà


(Gian Maria Testa, Canzone del Tempo)




Traduction française de Cathy :

Nous saluerons de notre fenêtre le temps qui passe, et si en passant il nous reconnaît,  même le temps perdu, même le temps qui s'est trompé, nous répondra. Nous saluerons de notre fenêtre, et ce ne sera pas une chanson, le temps fini qui nous reviendra,ce seront les yeux, ces yeux sans plus de mots,et un autre temps viendra.


(Gian Maria Testa, Chanson du Temps)

lundi 10 octobre 2016

Géomancie


L’écureuil a frôlé roux
la première feuille de l’automne

Le hérisson promène bogue
cirés fourbis sont les marrons

La folie douce
rouille les pommes
L’incendie fauve
déjà nous pousse
Le feu couvant
dort sous la mousse...

Plus pour longtemps.


samedi 8 octobre 2016

Chant / Eugène Guillevic


"C'est quand tu chantes pour toi que tu ouvres pour les autres
l'espace qu'ils désirent."

Guillevic

lundi 3 octobre 2016

Vigile



Je n’ai raté aucun matin
      je crois
aucun tournant du bleu au jour.

Jamais dormi jusqu’à l’or tiède
      toujours guettant
      toujours tenant
dans le gris d’avant le soleil.

Toujours le merle          
      et le silence
le volet clos
le brouillard monte
et l’orange du réverbère.

Tous ces matins
      — une vie.
Aucun que je puisse renier.



— Et la nuit noire
et la fatigue
le chien
le loup
l’encre muette des vesprées

A qui les as-tu donc laissés ?


samedi 1 octobre 2016

Pas de temps à perdre / Alexandre Romanès



Je n'ai  pas encore compris
comment fonctionne le monde,
mais je sais très bien
ce que le ciel exige de moi.
Le temps du gâchis est fini.
Maintenant je pose la main
Sur tout ce qui est beau.

(Alexandre Romanès, Paroles perdues
Gallimard, 2004)


lundi 26 septembre 2016

Ne pas



Ne pas faire
Ne pas dire
Ne pas voir


Ne pas voir
La rosée  sur la prêle et la pluie sur le bois
le ventre d’un chardon
les lilas
le silence
et le souffle orangé de la nuit qui s’abat.

Silence
ne pas dire
parfois ce qui nous ploie
ce qui parfois nous  tord et qui nous fait vieillir
Silence
on ne dit pas.


Mais
l’or ténu des mots quand ils nous font cortège
leur humeur de moineaux
et leurs pas sur la neige.


samedi 24 septembre 2016

Inapaisé / Gilles Baudry


Les yeux fermés, parle de l’intérieur.
Trouve des mots
Qui soient des portes
derrière lesquelles
on écoute la mer raconter une histoire,
de ces portes qu’on pousse
au-dedans de soi.
À l’indicible source
puise des mots infusés de printemps
dédiés
à ce qu’il y a de plus frais
en chacun.
Garde la page inapaisée.


Gilles Baudry, Nulle autre lampe que la voix, Éditions Rougerie, 2015, p.6.


lundi 19 septembre 2016

L'espoir hésite


Au bord du jour
barbouillé d’encre

comme on se tient
dans le noir
au bord d’un trou
– c’est peut-être la mer

aux franges
                   aux marges
                              aux lisières



la partie
a perdu
la parole

le combat
a cessé
sans victoire



entre patte de chien
et pelage de loup

entre la mort et le matin

l’espoir hésite.


vendredi 16 septembre 2016

Faire-part


Fenêtres : tel est le titre de mon nouveau livre, arrivé aujourd'hui même tout chaud sorti de chez l'imprimeur, aux éditions de la Renarde Rouge.  Plaisir de saisir, de soupeser, de caresser le mince volume né de tous ces moments  passés en silence, un crayon à la main, à tenter de recueillir la grâce de l'instant. 



Page après page, d'automne en été, j'ai voulu dire la ronde des saisons qui passe sur la ville, raconter le noisetier qui fait ses premières feuilles, les cris des martinets, les fleurs du lilas, le parfum des tilleuls, la neige... la danse lente du temps à ma fenêtre. 
Extrait :


"Automne. 

La pluie cette nuit est arrivée par l’est et les toits de la ville sonnent sous ses doigts comme la peau d’un tambour. Bientôt six heures. J’ouvre ma fenêtre pour faire entrer le matin. Sur le rebord, trois coings achèvent de mûrir, jaune paille et vert-de-gris. Leur parfum douceâtre se mêle à l’odeur piquante de l’eau qui rince les rues, détrempe les dernières roses, les feuilles dans les allées et la pelouse des jardins.

Au loin dans les vaux, la forêt résonne du cri des cerfs que l’automne tourmente. Et les bois craquent, et les mufles se lèvent à la lune, les gorges se gonflent et les corps s’entrechoquent, et la forêt plie sous l’ouragan sauvage dont rien ne parvient à nos villes policées.


Oh ! Comme hier marcher dans la nuit tiède, faire rouler les pierres, guetter le chevreuil et la biche,  sentir se froisser l’air sous l’aile d’un hibou. Dans l’aube qui blanchit et éteint les étoiles marcher vers la colline, éviter les ronces, n’être plus qu’écoute attentive du Grand Sauvage, le ventre tout vibrant de ce qui fait gronder les bêtes."


• 48 p., 16 €. Disponible aux éditions de la Renarde Rouge et dans les meilleures librairies (ainsi bien sûr qu'à l'Atelier, chez moi).

mardi 13 septembre 2016

Rouille



Les gares perdues dans les collines
Que juillet engourdit
et dont le goudron part

L’air sent la graisse chaude
la rouille
 et la poussière


Il est parti le chef de gare
sa moustache
et son sifflet gris

Bientôt l’ortie
bientôt la ronce
confitures de mûres
pour le voyageur.
 

samedi 10 septembre 2016

Pas grandir



Pas grandir
minuscule
sous la fleur
me cacher

Pas quitter
sur le mur
les dragons
de papier

Sentir eau
goûter peau
accueillir
l’invisible

Un ange ou
un flocon
je tutoie
l’impossible

Tout est là
tout est grand
et la main
est si douce

Qui me tient
dans le jour
qui me tient
qui me pousse

Zanzibar
Orénoque
une jungle
un jardin

Découvrir
l’Amérique
traverser
l’eau du bain

Portez-moi
Sur vos dos
serrez-moi
dans vos bras

Soyez là
la caresse
et la voix
soyez là

 Jamais dire
c’est demain
jamais dire
il est l’heure

Pas grandir
pas pleurer
pas quitter
le bonheur.

vendredi 9 septembre 2016

Lecteur / James Sacré

« En fait, je ne suis pas persuadé qu’il y ait si peu de lecteurs de poésie.
Et puis d’abord qu’est-ce qu’un lecteur de poésie ?  Peut-être qu’il ne faut pas en avoir lu beaucoup, de poésie, pour pouvoir en être à l’occasion touché. Une seule expérience, même fugitive est peut-être suffisante pour colorer une vie. Quelques pages lues à l’étal du libraire ne font-elles pas de vous un lecteur de poèmes ?
Et ceci n’explique-t-il pas cela : si on retrouve le qualificatif "poétique" un peu partout, n’est-ce pas parce que plus ou moins tout le monde a fait l’expérience de lire ou de chanter un poème ? » 

James Sacré

jeudi 8 septembre 2016

Onde



Pourquoi Still Life ?

Il y a deux ans, j'ai eu envie de compléter ma panoplie de blogs par un qui me semblait manquer. Ouvrir un espace aux mots que l'on se murmure à soi-même, à ceux qui fleurissent au plus profond du silence, le parsemer de quelques images glanées au détour des jours, y inviter de temps à autre les mots de ces autres qui me nourrissent... Ce fut Still Life. J'ai écrit pour lui, il a accompagné quelques nuits d'insomnie, beaucoup de petits matins paisibles et autant des soirées de solitude, ... Il m'a conduit surtout, souvent, à prendre le stylo, à veiller à bien garder une place pour la poésie dans mon quotidien.
Il vécut le temps d'une année, avant qu'un jour de colère, attristée par sa faible fréquentation, je ne décide de tout jeter bas. Et depuis, je le regrette. 

Alors je le rouvre. Je rouvre le livre immatériel des humeurs douces-amères, les pages d'émerveillement. Je reprends mon stylo. 

Et si certain-e-s en viennent à s'y promener, ce sera un cadeau de plus.