vendredi 23 juin 2017

BLEU #3


"La substance du ciel est d'une tendresse étrange."

L'azur certains soirs a des soins de vieil or. Le paysage est une icône. Il semble qu'au soleil couchant, le bleu qui se craquelle se reprenne un instant à croire à son bleu. Un jour inespéré se lève tandis que sur la mer la nuit prend ses appuis. 

Lentement le mystère se déplace d'un coin de l'horizon à l'autre...

J.-M. Maulpoix. - « La substance du ciel est d'une tendresse étrange». - Une histoire de bleu. – 
Paris : N.r.f., Poésie/Gallimard, 2005. 






Voir aussi ICI et LÀ.
Ou encore LÀ.




Voir aussi ICI et LÀ.
Ou encore LÀ.

jeudi 22 juin 2017

BLEU #2


"Ne croyez pas que tout ce bleu soit sans douleur."

La mer n'est pas une image naïve épinglée dans la chambre au-dessus du lit parmi les peluches et les bijoux d'un sou. 

Lorsque le coeur ne nous bat plus, nous guettons le grand large dans les flaques de la rue afin d'y laper notre misère et d'offrir à notre désir un semblant de ciel. Parfois nous regardons  intensément les yeux de nos semblables, espérant y trouver la mer et y sombrer brièvement...

J.-M. Maulpoix. - « Ne croyez pas que tout ce bleu soit sans douleur ». - Une histoire de bleu. – 
Paris : N.r.f., Poésie/Gallimard, 2005. 






Voir aussi ICI et LÀ.
Ou encore LÀ.

mercredi 21 juin 2017

BLEU #1



...On voudrait jardiner ce bleu, puis le recueillir avec des gestes lents dans un tablier de toile ou une corbeille d’osier. Disposer le ciel en bouquets, égrener ses parfums, tenir quelques heures la beauté contre soi et se réconcilier.

     On voudrait, on regarde, on sait qu’on ne peut en faire plus et qu’il suffit de rester là, debout dans la lumière, dépourvus de gestes et de mots, avec ce désir d’amour un peu bête dont le paysage n’a que faire, mais dont on croit savoir qu’il ne s’enfièvre pas pour rien, puisque l’amour précisément est notre tâche, notre devoir, quand bien même serait-il aussi frêle que ces gouttes d’eau d’après l’averse tombant dans l’herbe du jardin.


J.-M. Maulpoix. - « Convalescence du bleu après l’averse ». - Une histoire de bleu. – 
Paris : N.r.f., Poésie/Gallimard, 2005.







Voir aussi ICI et LÀ.
Ou encore LÀ.
 

dimanche 18 juin 2017

Message personnel


Ce matin la lumière 
a quelque chose à dire
au goudron de la route

Bien reçu.

dimanche 11 juin 2017

Nous sommes venus prendre des nouvelles des cerises / Frédéric Kiesel


Nous sommes venus prendre des nouvelles des cerises. 
Nous savons que vous allez bien
Nous n'étions plus venus depuis l'avant-printemps.
Nous n'avons pas vu fleurir les cerisiers cette année.
Les miracles sont courts. Nous étions en Tunisie,
Oublieux des saisons d'ici.
Depuis lors, il avait gelé, et nous avons craint pour les fruits.
Ils sont noués, déjà gros malgré les chaleurs tardives.
Ils vont bientôt rougir, attirant les merles.
L 'hiver a été long cette année.
Pour vous aussi ?
Oui ?
Les cerises, les merles ne les mangeront pas toutes.
Aucun épouvantail ne les impressionne.
Nous sommes venus pour vous aussi.
Il ne faut pas, il ne faut jamais vieillir.
Vous ne nous parlez jamais d'une maladie.
Nous mangerons avec vous, comme chaque année, les cerises que les oiseaux laisseront.
Deux de vos arbres portent les noms de nos filles.
Elles en sont propriétaires par le sentiment.
Elles ont ici des racines qui les relient gaiement à la terre ancestrale où elles ne sont pas nées.
Continuez à ne pas changer.
Gardez la même voix, le même regard avec les années.
Nous vous aimons tellement sans vous le dire.
Nous refusons de penser au temps où nous n'aurons plus d'autres liens avec cette terre
que des arbres.
Nous sommes venus prendre des nouvelles des cerises.


jeudi 1 juin 2017

Berceuse pour moi / Anne Sylvestre

 Je voudrais, je voudrais
Qu´on me laisse dormir
Qu´on me laisse dormir
Qu´on me laisse rêver
À en presque mourir
À en presque mourir

Je voudrais me rouler par terre
Et m´enterrer dans des coussins
Chanter, chanter ou bien me taire
Pour le plaisir et puis pour rien
Chanter n´importe quoi, des heures
Sans l´idée de gagner mon pain
Chanter pour que doucement meurent
Les heures du petit matin

Et je voudrais que l´on m´épargne
Comme on épargne maintenant
Ces jeunes filles de cocagne
Belles involontairement
Je voudrais qu´on me considère
Même si je n´en remets pas
Même si j´ai les pieds par terre
Et la santé d´un acacia

(...)

Je voulais paraître fragile
Pour qu´on me berce rien qu´un peu
Mais le jeu est trop difficile
Fragile? Non, je ne le peux
Je me battais avec une ombre
Sachant bien que plus simplement
Quand il fait doux, quand il fait sombre
Je m´endors naturellement
 
Je saurai, je saurai
M´arranger pour dormir
M´arranger pour dormir
Et ne pas trop rêver
Pour ne pas en souffrir
Pour ne pas en mourir
Qu´on me laisse dormir